Cette section de recommandations informelles s’appuie sur notre expérience de plus quarante ans en animation et intervention auprès de groupes. Ces recommandations visent essentiellement à faciliter le développement du savoir-faire. Leur fonction est pédagogique. Elles se veulent claires, concises et imagées.
de l’huile dans le cou
Avoir de l’huile dans le cou, c’est tourner la tête, regarder les gens, ne pas se laisser happer par un échange à deux. Avoir de l’huile dans le cou, c’est rester en contact avec son groupe.
Concrètement, il s’agit de balayer du regard l’ensemble des membres du groupe, comme l’éducatrice de garderie qui garde toujours un œil sur toutes ses jeunes. Elle ne peut se permettre dans perdre un ou deux alors qu’elle s’occupe des autres.
En balayant ainsi toutes les personnes, on s’imprègne de toutes les informations non verbales (sourires, signes de fatigues, apartés, postures, etc.). Il ne s’agit pas d’une prise de notes, mais plutôt d’une attention flottante à tout son groupe. Dans le feu de l’action, le cerveau fait le tri comme l’éducatrice qui du coin d’oeil voit un mouvement qui attire son attention sans qu’elle y ait réfléchi.
La version en ligne de « l’huile dans le cou, » serait « les yeux qui roulent ». On balaie du regard la mosaïque de portraits affichés à l’écran. On passe de l’un à l’autre a s’imprégnant des petits gestes et des mimiques qui indiquent un désir de prendre la parole, un désaccord, un désengagement, etc. Bien sûr, ces images qui ne présentent qu’un portrait miniature transmettent beaucoup moins d’information que la présence physique.
de tolérer les silences
Lors des silences, prendre le temps de regarder tout le monde. Attendre au moins cinq à dix secondes avant de briser le silence. Compter dans sa tête au moins jusqu’à sept. Balayer à nouveau l’ensemble des membres pour que chaque personne se sente interpellée. En tolérant ainsi le silence, on crée de l’espace pour que les personnes plus lentes à prendre la parole aient le temps de se décider à parler.
d’aller chercher les silencieux·euses, silencieusement
Une façon invitante de susciter la participation de personnes plus silencieuses est de le faire silencieusement, on tolère le silence, on crée de l’espace, on établit un contact visuel avec elles, puis on attend. Les personnes plus silencieuses sentent alors qu’elles ont de l’air, de la place et du temps pour s’exprimer. Il y a quelqu’un qui les écoute.
En ligne, par contre, les silences peuvent paraître très lourds. Aussi, il peut être plus efficace d’interpeler directement les personnes plus silencieuses. Évidemment, cela doit être fait avec tact et délicatesse. L’idée est ici aussi qu’elles sentent que quelqu’un veut les entendre.
de réfréner les personnes verbomotrices, verbalement
Réfréné les personnes verbomotrices, c’est-à-dire les personnes qui parlent avec abondance, ça veut dire leur couper la parole et les arrêter de parler. L’écoute et le silence sont ici sans effet ou pire constituent un encouragement à continuer à parler. À l’inverse, ces personnes acceptent relativement aisément d’être interrompues du moins lorsque cela est fait avec tact et complicité. Elles savent qu’ils vont pouvoir reprendre la parole facilement. Par exemple, on dira : « Pierre, je crois que tu as eu la chance d’émettre ton point de vue. Les gens semblent avoir compris. Alors, si tu veux bien, il me semble important qu’on passe la parole aux autres ». Si le contexte permet de le faire avec humour, c’est encore mieux : « Je suis certaine que si tu veux rajouter quelque chose, tu vas trouver une manière de reprendre la parole, je compte sur toi. ».
d’animer devant un miroir
En ligne, on suggère à l’animatrice ou l’animateur, de modifier l’affichage de soi de manière à ne pas se voir, ou à tout le moins de mettre l’image de soi en plus petit. Pour comprendre le sens de cette recommandation, penser à diriger une réunion avec devant vous un miroir… Se voir continuellement mobilise de l’énergie d’autorégulation ou de monitoring qui réduit d’autant sa capacité d’attention à ce qui se produit entre les participants·es.
des erreurs
Faire des erreurs, se rendre compte en cours de réunion qu’on a oublié un point, qu’on a sauté le tour de parole de quelqu’un, mélanger des acronymes, manquer de délicatesse en coupant la parole à une membre, qu’on a fait lapsus, etc., faire des erreurs est inévitable et inéluctable. Dans toute conversation avec des collègues, des amis·es ou des parents se glissent de pareilles erreurs. Ordinairement, avec ses collègues, ses amis·es ou ses parents, on constate, on se reprend et on continue la conversation. Intervenir auprès d’un groupe est aussi une conversation, en cas d’erreurs, on constate, on se reprend et on continue. Dans ce contexte, ce n’est pas l’intervention que vous avez faite qui importe, c’est celle que vous allez faire qui compte.