Les phénomènes et processus de production réfèrent aux interactions qui permettent l’accomplissement des tâches. Ils sont directement tributaires de l’ensemble des autres processus. Tous les processus dans les groupes de travail impactent la production.

Parmi les opérations liées l’accomplissement des tâches, on peut, par exemple, penser aux interactions nécessaires à la collecte d’information, lesquelles sont influencées par les processus d’intelligence – partage d’information, prise de décision, mise en commun, etc. – et par les processus de médiation et même d’affiliation — contacts avec les sources d’informations, possibilité d’introduire des éléments critiques, etc. Des observations semblables peuvent être faites pour toutes les opérations nécessaires à l’accomplissement des tâches : contacter des fournisseurs, poser un diagnostic, mise en ligne d’information, production d’idées, rédaction de rapports, travaux de construction, utilisation de logiciels, etc.
Les processus de production conduisent à l’atteinte des objectifs et rendent possible l’évaluation de la performance des groupes de travail.
de la production comme raison d’être du groupe de travail
L’attention portée aux phénomènes et processus de production vient de pair avec l’idée que la principale raison d’être du travail en groupe est de réunir les énergies de plusieurs personnes pour effectuer des tâches et atteindre des objectifs.
Avec cet angle d’approche, le groupe de travail est vu comme un système de production. On examine notamment ce qui favorise ou entrave la réalisation des tâches et l’atteinte des objectifs.
Les impacts positifs des interventions facilitant les processus de production confortent à leur tour la conception du groupe de travail comme lieu de réalisation de tâches et de poursuite d’objectifs.
de la mesure et de l’évaluation de la production
La mesure et l’évaluation de la production visent trois aspects de la production d’un groupe de travail : la performance du groupe, sa viabilité et sa capacité à apprendre.

de la performance du groupe d’un travail
La performance correspond l’évaluation de la réalisation des tâches et de l’atteinte des objectifs. Cette évaluation porte à la fois sur la quantité et la qualité du travail effectué par le groupe.
de la viabilité du groupe d’un travail
La viabilité du groupe correspond à sa capacité à se maintenir dans le temps. Un groupe viable est un groupe capable de survivre aux écueils qui affectent l’ensemble des processus qui impactent la production du groupe.
de la capacité à apprendre d’un groupe de travail
La capacité à apprendre d’un groupe correspond à sa capacité à améliorer des pratiques de manière à faciliter le bon déroulement de l’ensemble des processus qui impactent la production du groupe. Un groupe capable d’apprentissage est un groupe capable de modifier et raffiner ses pratiques pour améliorer sa performance.
Généralement, la mesure et l’évaluation de la production d’un travail sont effectuées par des personnes de l’organisation, mais externes aux groupe, gestionnaire de projet, cadre supérieur, etc. Ces mesures et évaluations se font à l’aide d’entrevues et de questionnaires. Des observations provenant des membres du groupe peuvent être utilisées pour tenir compte du contexte de travail, des exigences spécifiques à la tâche, des problèmes rencontrés, etc., et des aspects relevant de la viabilité et de la capacité d’apprendre du groupe.
des limites de la mesure et de l’évaluation de la production
Toute mesure et évaluation de la performance d’un groupe comporte des limites. Notamment, elles ne sont pas indépendantes des théories implicites propres aux personnes évaluatrices. Elles peuvent mettre l’accent sur un ensemble de processus au détriment des autres ensembles de processus. Elles peuvent ignorer les dimensions affectives ou spatiotemporelles des processus évalués. Quant aux apports internes des membres à la mesure et à l’évaluation de la performance du groupe, ces apports peuvent être affectés d’un biais défavorable ou favorable au groupe par manque de recul des membres.
de l’impact de la nature simple ou complexe de tâche sur la performance
Plusieurs types de tâches, allant du plus simple au plus complexe, peuvent être réalisés par un groupe de personnes. Parmi les tâches simples dites additives, comme récolter des fruits ou pelleter de la neige, le rendement du groupe est supérieur à celui d’un individu, mais il n’égale pas celui de la somme des individus parce que l’effort individuel diminue avec l’augmentation de la taille du groupe. Ce phénomène est désigné par le concept de flânerie sociale. À ne pas confondre avec le temps pour la socialisation (discussions personnelles entre les membres, blagues, partage de nouvelles extérieures au groupe de travail, etc.). La flânerie sociale correspond à une réduction de l’effort par les individus lorsque leur contribution est fondue dans celle du groupe. Par exemple, la performance de cueilleuses de pommes qui travaillent seules sera supérieure à leur performance en groupe. Toutefois, à plusieurs elles récolteront tout de même plus de pommes que ne le ferait une seule cueilleuse. Ce phénomène tend toutefois à disparaitre lorsque les résultats individuels sont connus et enregistrés plutôt qu’additionnés de manière anonyme. La production du groupe égale alors la sommation des productions individuelles.
L’effet du groupe est faible dans le cas des tâches dites disjointes, où la performance du groupe dépend de la personne la plus compétente. Par exemple, si la tâche nécessite la résolution d’un problème mathématique, l’écriture, ou la traduction d’un texte, lorsqu’un membre effectue le travail, la tâche est alors accomplie pour le groupe. L’effet du groupe est faible, sinon inexistant. Avec ce type de tâches, le rendement du groupe ne dépasse pas celui du meilleur membre.
L’effet du groupe est aussi faible sinon négatif dans le cas des tâches conjointes, où tous les membres ont sensiblement la même fonction et tous sont liés aux autres comme dans une cordée d’alpinistes. Il s’agit de tâches du genre « travail à la chaine » où la performance du groupe ne peut dépasser le rendement du membre le moins compétent.
Par contre, le travail en groupe est supérieur pour les tâches dites compensatoires, où les forces des uns compensent réciproquement les faiblesses des autres. En pratique la production du groupe correspond à la moyenne des contributions individuelles de chacun·e des membres. Il s’agit habituellement de poser d’effectuer une évaluation (d’un dossier, d’une candidature ou soumission, etc.) ou d’estimation (de coûts, de grandeur, de durée, etc.). Toutefois, les écarts entre les membres ne doivent pas être trop grands pour le jugement du groupe soit supérieur aux jugements individuels être supérieur. Par exemple, si plusieurs personnes expertes discutent ensemble d’une évaluation, elles arriveront vraisemblablement à une meilleure évaluation que si elles le faisaient seules, mais s’il le groupe comporte des personnes sans expertise où avec des prises de position extrême alors le travail en groupe perd son avantage.

des tâches complexes et de leurs impacts
Les tâches dites complexes sont des tâches où il n’existe pas de réponse unique ni de parcours connus des membres pour leur réalisation. Leur complexité dépend du niveau de connaissance qu’ont les membres :
- des buts à atteindre ;
- des moyens à mobiliser;
- du nombre d’étapes à franchir ou d’opérations à réaliser;
- des obstacles susceptibles d’être rencontrés.
Moins les membres connaissent clairement les buts à atteindre, moins ils·elles maitrisent les moyens à mobiliser, plus les étapes et les opérations sont nombreuses et plus il y a d’obstacles à franchir, plus la tâche est complexe.
Ce type de tâches complexes exige une mise en commun des expertises et les ressources de plusieurs personnes. Le groupe de travail devient particulièrement approprié à leur réalisation. En fait, plus une tâche est complexe, plus le groupe de travail gagne en pertinence et devient nécessaire. La performance d’un groupe de travail surpasse alors les performances individuelles.
La réalisation de tâches complexes par un groupe de travail est affectée par la structure du réseau d’interaction entre les membres du groupe. Les réseaux d’interaction denses, où tous interagissent avec tous, sont plus favorables aux tâches complexes. Aussi, les conflits qui viennent entraver ces interactions entre les membres affectent particulièrement la performance des groupes ayant à réaliser ce type de tâche. Toutefois, l’absence de conflits, notamment cognitifs, nuit aussi à la réalisation de tâche complexe. Il ouvre la voie à l’émergence d’une pensée groupale. La réalisation de tâches complexes appelle une aisance où les critiques et les points opposés doivent pouvoir se rencontrer et être exprimés librement.
des critiques des typologies de tâches
En pratique, les groupes de travail n’ont pas qu’une seule tâche à réaliser. Le travail du groupe comporte différentes tâches de types différents qui varient avec le temps et une fréquence inégale. Elles varient et évoluent au fur et à mesure que certains objectifs sont atteints. On ne peut donc pas parler de la tâche, mais plutôt des tâches que le groupe doit accomplir pour atteindre ses objectifs. Certaines de ces tâches sont parfois plus simples et d’autres plus complexes, le groupe doit adopter des modalités de réalisation adaptées à la nature spécifique de ses diverses tâches.